AstroGAS

07/20/18

D'étoiles et de lavande
Bonjour à tous,

Pour les vacances d’été, j’ai cherché une zone géographique avec les critères suivants :
• La plus proche possible de Belgique : maximum une dizaine d’heures de route.
• Une probabilité de ciel clair maximale : ce qui limitait pratiquement les recherches au sud-est de la France.
• Avec peu de pollution lumineuse : Merci la carte de l’Awex !
• Si possible avec un peu de relief

Mon choix s’est porté sur le côté ouest des Baronnies Provençales. J’ai ensuite cherché un logement convivial, pas trop cher et qui soit susceptible de plaire à Chantal.

L’ « Auberge des trente pas » à Saint Férreol Trente Pas semblait correspondre à ces critères et nous n’avons pas été déçu : accueil chaleureux, propreté et cuisine savoureuse et originale mettant en avant les produits du terroir. De plus, le patron, féru de vélo et connaissant la région comme sa poche, a pu me guider utilement dans le choix d’un lieu d’observation.

Le jour de notre arrivée fut consacré à repérer les différents sites d’observation possible … ce qui m’a valu une crevaison par une petit cailloux pointu qui perfora un pneu sur près d’un centimètre.

L’endroit le plus proche était à cinq minutes, il s’agissait d’un col accessible par une petite route partant de l’Auberge et situé à côté d’une ferme. La route asphaltée s’arrêtait au bord d’une prairie appartenant probablement à la ferme voisine. Comme les fermiers travaillaient juste à côté, je leur ai demandé la permission de venir observer le soir, ce qui sembla les intéresser. Je les invitais alors à venir observer avec moi le soir s’ils le souhaitaient.
En définitive, outre ce col tout proche (à 550 mètres d’altitude), j’avais repéré un petit parking au sommet du col de Valouse ainsi qu’un bon emplacement au sommet du col de Chaudebonne. Ces deux sites m’ont semblé intéressants. Ils se situaient tous deux à 15 minutes de voiture et leurs altitudes avoisinaient les 700 mètres. Ils ne furent cependant pas utilisés.

Col le 8/7/2018

T400 – Lune absente

Vers 22h30, le télescope est monté et réglé. Je me rends compte qu’il y a pas mal de mistral avec des rafales qui font vibrer le télescope.
Les fermiers, curieux, arrivent et je leur montre quelques « classiques ». Je n’arrive pas à avoir Jupiter et Saturne nettes et réalise alors que la cage du secondaire bouge avec l’orientation. Deux des tubes se sont partiellement décollés et coulissent d’environ 1 cm sur leurs inserts. Heureusement, j’ai pris de l’Araldite avec moi et les recollerai le lendemain. Pour ce soir, il faudra bien que je fasse avec …

Peu de temps après, des clients de l’Auberge – un couple suisse avec deux adolescents - qui m’avaient demandé s’ils pourraient venir observer nous rejoignent.

Je montre quelques-uns des objets les plus spectaculaires : Jupiter, Saturne, M13, Albireo, M18 (Omega), M51 (Tourbillon), M57 (Anneau de la Lyre) et les voiles du cygne. Ils me quittent vers 0h30.

Je me consacre alors à quelques-unes des cibles que j’avais programmées. Principalement des nébuleuses planétaires :
• NGC 6210 (« La tortue ») dans Hercule. Très petite et pas facile à trouver.
• NGC 7009 (« Nébuleuse Saturne »). Son aspect allongé est perçu mais, avec une collimation approximative, aucune structure interne n’est perçue.
• NGC 6818 (« Little Gem Nebula »). Assez petite, aucune couleur ni structure interne perçue.
J’en profite pour essayer de détecter la galaxie de Barnard toute proche mais sans succès.

Col le 9/7/2018

Strock 250 – Lune absente

J’ai recollé les tubes du T400 l’après-midi mais il faut attendre une quatorzaine d’heures pour que l’Araldite soit bien solidifiée. J’ai donc laissé le T400 à l’Auberge et suis monté avec le Strock 250.
Tout est en place vers 21h45. Il y a beaucoup moins de vent … par contre, je me rends compte que l’endroit est infesté de moustiques affamés. D’après les aubergistes, ce n’est pas habituel dans la région mais c’est une année à moustiques …
Je me réfugie dans la voiture jusqu’à 22h30. Heure à laquelle les fermiers reviennent avec leur maman qui se montrera la plus intéressée.
La soirée est consacrée à divers « classiques ».

Col le 11/7/2018

Demi-finale de la coupe du monde de football France-Belgique oblige, je ne suis pas sorti la veille. Une grande télévision avait été installée dans la salle commune de l’auberge échauffée par les commentaires patriotiques des supporters français et belges. L’ambiance était bon enfant et empreinte d’un sympathique chauvinisme pleinement assumé !

Pensant que c’est mon dernier jour d’observation, les fermiers reviennent me dire au revoir et m’offrent un bouquet de lavande fraichement coupé. Le geste me touche beaucoup.

Le mistral souffle fort et les rafales m’empêchent d’observer correctement. Il ne se calmera que vers 1 heure du matin et recommencera à souffler vers 3 heures.

J’ai pu faire quelques belles observations dans l’intervalle mais n’ai cependant pas pris de notes et me souviens seulement d’avoir principalement observé des galaxies dont :

• NGC 7479 dans Pégase que j’ai trouvé fort pâle et dont je ne suis pas arrivé à détecter le « S » caractérisant cette spirale barrée
• NGC 7331 dans Pégase facilement trouvée mais que je voulais surtout utiliser pour voir le « Quintette de Stephan » tout proche. Je l’ai plus deviné que vu mais je n’ai pas pensé à grossir la zone et, selon Xavier Camer, il faut grossir à 150x pour bien les percevoir. A réessayer donc …
• NGC88 la nébuleuse du croissant dans le cygne. Elle était magnifique au filtre OII et je pense ne jamais l’avoir vue si distinctement.

Col le 12/7/2018

Le matériel est prêt vers 22h15. Il y a peu de vent mais les moustiques sont déchainés. Heureusement, je me suis tartiné les bras et le visage de crème répulsive. Elle se révèlera efficace, pas une piqure à ces endroits, mais bien dans le bas du dos où, manifestement, une zone de peau était à l’air libre !
Les fermiers savent que c’est mon dernier jour et reviennent pour se remplir une dernière fois les yeux. Je leur montrerai encore différents objets « faciles » jusqu’à 1h30 du matin.

Après leur départ, je me focaliserai principalement sur la zone située au-dessus du chien de chasse :

• NGC 4490 et 4485 : les galaxies « du Cocon ». Ce couple de galaxie en interaction est très beau. Je tente un petit croquis. Je vois bien que la plus grande n’est pas homogène mais n’arrive pas à en percevoir les subtilités hormis un centre plus dense. La plus petite est perpendiculaire à la grande et est située à son extrémité.



• Je passe rapidement sur une des étoiles carbonées les plus rouges du ciel «La superba » pour admirer sa couleur cramoisie.
• M94 : Une galaxie ovoïde avec un cœur assez grand par rapport au halo.
• M63 : « Le tournesol » dont je perçois bien la structure spirale.
Vers 2h30, le verseau est suffisamment levé pour que je puisse repérer NGC 7293 la nébuleuse « Helix »
• NGC 7293 « Helix nebula » : son repérage n’est pas trop difficile mais, au départ, sans filtre OIII je ne distingue presque rien. Le filtre placé, quelle claque ! Elle mérite bien son surnom « d’œil de Dieu ». Elle est grande et occupe presque tout le champ de 0,4°.
Je tente encore un croquis, place quelques étoiles repère, dessine le cercle extérieur, le cercle intérieur et me perd complètement en essayant de distinguer les irrégularités et structures de cet énorme anneau. Dans l’état actuel des choses, c’est clairement un objet trop complexe pour le dessinateur débutant que je suis …



Chandolin

La seconde semaine de vacances était planifiée à Chandolin dans le Valais. En transitant de la Provence vers la Suisse, nous avons fait un détour part le massif des Bauges où se terminaient les Estivales de WebAstro pour saluer quelques amis.

La météo des Alpes du Nord n’est pas la même que celle de Provence et, c’est sous une pluie battante que nous avons déchargé les bagages.

Les jours suivants furent faits d’alternance de nuages et de larges éclaircies mais les nuits étaient couvertes.

Le 18, météoblue annonçait une nuit claire et j’ai essayé le site du parking de la forêt près de Saint-Luc que m’avait recommandé Michaël Cottier, l’animateur de l’observatoire de Saint-Luc (l’OFXB) tout proche.

C’est beaucoup plus près que le barrage de Moiry où j’avais observé l’année passée (15 minutes de voiture au lieu de 45) mais le site est un peu moins dégagé. Il est cependant très satisfaisant, surtout vers le Sud.

La lune était à 40% est devait se coucher vers minuit.

A 22 heures, tout était en place et j’en ai profité pour observer la lune, Jupiter qui exhibait fièrement sa grande tache rouge et Saturne. Il y avait une turbulence moyenne mais avec des trous permettant d’apprécier pas mal de détails.

En attendant l’obscurité, j’ai passé un peu de temps sur M80, un amas globulaire dans le scorpion. Il est facile à trouver mais, dans ce ciel crépusculaire, seules quelques étoiles étaient résolues. Je décide d’un faire un croquis pour passer le temps.



C’est plus ou moins au moment où la lune se couchait que le ciel s’est noirci vers l’est et que les éclairs ont commencés dans le lointain. Un orage approchait et il me faut vingt bonnes minutes pour démonter le matériel.

J’ai rapidement jeté un coup d’œil sur mars qui venait de se lever, j’y ai décelé des zones d’albédo mais ne me suis pas attardé car le ciel s’obscurcissait rapidement.

J’ai donc rangé le matériel en regrettant le ciel, sans doute moins pur, de Provence mais moins sujet à ces caprices météorologiques !


Article posté à  12:34:14, le 07/20/18 par Yves - Catégorie : AstroPhotos


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